Chez ses grands-parents, le temps est comme figĂ©; alors, pour Ă©gayer cet aprĂšs-midi endormi, la fillette s’Ă©lance sur le tapis du salon, improvise une danse et imagine une histoire. Dans cette aventure rocambolesque, elle rencontre une panthĂšre bleue au jardin des dĂ©lices, libĂšre la licorne sauterelle d’un sombre pays, fait fuir les bĂȘtes fĂ©roces de la forĂȘt profonde grĂące Ă de sottes paroles…
Comme dans la comptine Pomme de reinette et pomme d’api, le texte de chaque page est ponctuĂ© de Tapis tapis quelque chose (fĂ©e, soit, tiens, lieu…), en rapport avec l’image et rimant vaguement avec le dernier mot du court paragraphe, Ă dĂ©faut d’ĂȘtre franchement poĂ©tique. On ne peut reprocher, ni Ă l’histoire ni Ă l’illustration, leur manque d’imagination; ça foisonne, ça bouillonne, ça dĂ©borde, mais surtout ça ne va nulle part. L’aventure est une suite de scĂšnes liĂ©es artificiellement; l’image est surchargĂ©e de couleurs et de formes, volontiers gĂ©omĂ©trisantes et dĂ©coratives (qui peuvent Ă©voquer la peinture du dĂ©but XXe, Delaunay, LĂ©ger, les Fauves), qui submergent plus qu’elles ne sĂ©duisent. L’ensemble laisse entre perplexe et indiffĂ©rent.