Les eaux de la Lena. Sur un bois flottĂ©, Anastasia et Sonia – deux papillons – papotent ! DĂ©rangĂ©es par lâaigle Lelio, les voilĂ envolĂ©es. Lâoiseau qui avait pris le bois pour un liĂšvre, tant il manque de discernement, finit par le lĂącher. Sây pose une Ă©phĂ©mĂšre fatiguĂ©e ; elle attire un esturgeon gourmand, etc.
La branche dâarbre qui descend la Lena sert de trait dâunion entre les animaux du fleuve : belle idĂ©e que ce fil rouge narratif pour lier en dix chapitres quelque dix portraits animaliers qui se succĂšdent avec la fantaisie dâun « dictionnaire amoureux ». Comme dans Aux bords du lac BaĂŻkal (NB avril 2011), Christian Garcin anime, avec tendresse et drĂŽlerie, le monde du fleuve, si proche du nĂŽtre ! Un peuple slave attachant, qui croit Ă ses rĂȘves autant quâĂ la rĂ©alitĂ©. Jouet du hasard ? Non. RĂ©gi par la divinitĂ© du fleuve ? Pas vraiment. Mu en revanche par une nĂ©cessitĂ© invisible : lâeffet induit par « le battement dâailes dâun papillonâŠÂ » dont la force poĂ©tique- sinon la rigueur scientifique – sĂ©duit. Le charme opĂšre Ă nouveau.