Entre Vigàta et Castellovitrano, le train passe une fois par jour devant la maison de Nino, garde-barrière. En 1942, l’écho des obus tout proches ne l’empêche pas, ainsi que son ami Toto, de régaler tous les samedis la clientèle du salon de coiffure voisin de sérénades accompagnées de leur guitare. Le fascisme ambiant les oblige à transformer le répertoire en marches militaires qu’ils adaptent à leur manière. L’épouse de Nino, Minica, enfin enceinte, s’inquiète de rodeurs venus l’importuner en l’absence de son mari. La situation devient dramatique et fait perdre la raison à la jeune femme. Comme dans Le ciel volé : dossier Renoir (NB janvier 2011), Andrea Camilleri renoue avec sa Sicile natale. Il raconte, de façon très touchante, la vie ordinaire de gens simples pendant la guerre avec son lot de braves, de fourbes, de brutes et d’idiots. Le ton est charmant, le dialecte truculent – rendons grâce au traducteur. Andrea Camilleri change de registre pour dire l’ignominie des hommes et la folie qui s’empare de son héroïne. C’est comme un conte plein d’amour laissant entrevoir sur la fin une espérance de bonheur. Quel talent !
Le garde-barrière
CAMILLERI Andrea