Au cimetière, penchée sur l’ouverture par laquelle le cercueil de son père est descendu, une petite fille tente de juguler l’horreur. Sa mère est trop éplorée pour être auprès d’elle. Un oncle puis un grand-père s’occupent d’elle, maladroitement. Le repas qui réunit les proches tourne au cauchemar ; impossible d’avaler le moindre morceau de l’immense baleine qui remplit son assiette et envahit son quotidien au-delà de la cérémonie, l’isolant totalement des autres.
La baleine intervient dans le récit de l’enfant après des réflexions acerbes sur l’enterrement. Elle est symbolique d’une immense détresse, d’une douleur dont il semble impossible de venir à bout. Avaler d’abord, puis digérer ; où trouver le courage ? Il lui viendra de son père qu’elle convoque la nuit pour des dialogues tendres et apaisants, de sa mère qui retrouve un pâle sourire et de soins thérapeutiques. Si la réaction pathologique est bien vue, le texte est morbide, les images de chair à découper, de petits morceaux de baleine à emporter dans une boîte, sont sujettes, dans le cadre de la collection, à heurter, même si elles sont des métaphores d’une souffrance psychique.