Dans la Londres de 1902, troublée par un syndicalisme naissant, un féminisme militant et la mort de Victoria, deux hommes, presque des monstres, voient leurs destins se croiser. Le premier, qui a le pouvoir de se rendre invisible, cherche à s’attribuer la royauté. Le second est Dorian Gray. Il erre dans les bas fonds des faubourgs, vieillard enlaidi, avec pour seul bagage son portrait exprimant toute la beauté de sa jeunesse. Le hasard lui permet de découvrir que le sang versé en tuant autrui nourrit le transfert de vigueur entre la peinture et lui-même. Ainsi, pour retrouver sa jeunesse, il doit tuer un être dont l’âme est plus noire que la sienne. L’homme invisible ?
L’époque victorienne est représentée avec précision, baignée, selon les phases du récit, par des camaïeux de bleu gris ou d’ocre sombres créant des atmosphères lourdes aux contrastes intenses. La plume de Vukic, précise et expressive, offre une lisibilité aisée à un scénario d’exposition relativement complexe où se mêlent à un récit réaliste, peuplé de nombreux personnages, quelques touches de fantastique. Le propos original visant à inverser le processus décrit par Oscar Wilde ouvre des perspectives intéressantes. Les tomes suivants seront-ils à la hauteur ?