1967. Claudine Cartayrade et Robert Blancou, deux jeunes instituteurs nommés pour leur premier poste au camp d’accueil de Saint-Maurice-l’Ardoise dans la commune de Saint-Laurent-des-Arbres, rebaptisée Saint-Laurent-des-Arabes, découvrent cette cité militaire entourée de barbelés et de miradors dans laquelle sont logés les Harkis venus d’Algérie. Ignorant ce qui les attend, ils font peu à peu la connaissance des enfants qui ne disent et ne comprennent pas un mot de français et des parents avec lesquels ils tissent des liens d’amitié. Comment deviner le manque de sanitaires, la lumière coupée tous les soirs, la réalité de leur vie ? Pendant neuf ans, jusqu’à la révolte de 1975 qui aboutira à la fermeture des camps, ils s’efforcent de répondre à la soif de savoir des enfants, aux propositions d’amitié des adultes.Avec talent et délicatesse, Daniel Blancou, leur fils, transcrit l’expérience de ses parents, leurs difficultés et aussi leur ignorance en cette période pas si lointaine où internet n’existait pas, où les journaux n’étaient pas bavards sur « les événements » d’Algérie et les médias moins présents. Un style graphique dépouillé, un « découpage en gaufrier » inspiré par l’Emmanuel Guibert de La Guerre d’Alan permet à Daniel Blancou de montrer, avec une certaine simplicité et une grande force, la vie dans ces camps de réfugiés. À l’heure de l’anniversaire des 50 ans des accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, ce témoignage décrit avec vigueur, précision et vérité un moment d’Histoire encore peu connu.
Retour à Saint-Laurent des Arabes
BLANCOU Daniel