May est morte à l’aube du XXIe siècle. Arrivée à New York en 1948 avec son père activiste palestinien, elle est privée à jamais par cet exil de sa mère adorée, de son pays. Élevée à Brooklyn par sa tante, elle devient une artiste renommée et la couleur qu’elle invente, « les papillons de Jérusalem », est sa marque de fabrique. Atteinte d’un cancer, elle jette ses ultimes forces dans la peinture. Dans le même temps, elle rédige son journal, sorte de testament à l’intention de Juba, son fils musicien ; souvenirs, regrets, blessures endormies sont réunis dans le cahier bleu indigo. Dénonçant le sionisme et la perte pour les Palestiniens d’un éden multiculturel, Waciny Laredj puise dans sa propre histoire et ses racines andalouses pour donner chair à son héroïne. Il dénonce tous les fanatismes et reprend son thème de prédilection, opposant la culture à l’obscurantisme (Les Ailes de la Reine, NB mai 2009). L’art surtout sait consoler. La relation fusionnelle mère-fils passe aussi par la création artistique. Mais là où une économie de mots aurait été efficace pour traiter un sujet grave, des répétitions, des dialogues sans spontanéité et une certaine complaisance morbide brident l’émotion.
Les fantômes de Jérusalem
LAREDJ Waciny