En 1963, l’Espagne, encore sous le joug du franquisme, apparaît comme un pays de misère, rude, isolé, figé dans un temps ancien, voire réactionnaire. C’est à ce moment-là que Jean-Claude Carrière rencontre Luis Buñuel. Commence alors une collaboration fructueuse entre le scénariste et le célèbre réalisateur surréaliste. Durant une vingtaine d’années, Jean-Claude Carrière multiplie les séjours dans le pays de Cervantès et de Goya avec Buñuel pour guide. Touche-à-tout de talent, auteur d’une oeuvre protéiforme (Mon chèque, NB avril 2010), il apprend la langue, se plonge dans l’histoire, la littérature, les traditions et observe les comportements. Au cours de rituels bien rôdés où la nourriture joue un rôle important, il arpente Madrid, Tolède, la Castille. Le hasard des rues et la réalité du monde profitent à l’écriture des scénarii. Au-delà des figures incontournables – Lorca, Dalí, El Greco, Las Casas –, la création cinématographique et les rencontres avec Francisco Rabal, Carlos Saura, Fernando Rey, José Bergamín tiennent une place de choix. Mais qu’est-ce qu’un pays ? Comment saisit-on l’âme d’un peuple ? Jean-Claude Carrière livre ses réponses. Il conte « son » Espagne et, par-delà les clichés tenaces, finit peu à peu par en capter la mentalité.
Mémoire espagnole
CARRIÈRE Jean-Claude