Le roman des Rouart (1850-2000)

La saga des Rouart, déployée sur un siècle et demi, décolle avec Henri (1833-1912), polytechnicien, industriel, passionné de peinture à laquelle il se consacre à partir de cinquante ans, mécène et collectionneur, pour aboutir à Jean-Marie, né en 1943, de l’Académie française. Alliés aux Lerolle, Manet et Morisot, les Rouart attirent dans leur mouvance, peintres, écrivains et musiciens, Degas, Renoir, Picasso, Gide, Claudel, Debussy… Indépendamment des portraits fouillés des uns et des autres, sans dissimuler mésententes conjugales, homosexualité, ravages de la syphilis, l’auteur (Théâtre d’ombres, NB juillet-août 2011) met en évidence le talent sinon le génie de certains par une critique judicieuse des oeuvres les plus marquantes. C’est un bonheur de lire cette leçon d’histoire situant, dans la société en mouvement et les événements politiques, l’action culturelle de ces grands bourgeois qui luttent contre les conservatismes ambiants et accompagnent un impressionnisme, initialement vilipendé. Rassemblant érudition, souvenirs recueillis et documents familiaux, David Haziot restitue, dans un style élégant, la densité de ces retrouvailles fabuleuses.