AllongĂ© sur son Chesterfield, le narrateur, glandeur au chĂŽmage, diplĂŽmĂ© dâune grande Ă©cole et nanti de trois mastĂšres, entame sa nuit sur la Toile des petites heures au petit matin, joints, musiques et Frosties en provision de route. Entre messages, conversations ou recherches, sâinscrivent des rĂ©flexions, des souvenirs dâamour, dâenfance, de voyages, de stages sans lendemain dans des boĂźtes de prodâ⊠Quelques avancĂ©es dĂ©finitives sont envisagĂ©es : laquer la cuisine en noir (un pot de laque se vole aisĂ©ment Ă Bricorama), faire pousser du cannabis dans le jardin paternel et devenir trafiquant pour la subsistance quotidienne, augmentĂ©e de quelques larcins…. Lâaube efface les rĂȘves et le glandeur rejoint son amant sous la couette. EnlevĂ©, plein dâautodĂ©rision, poĂ©tique Ă sa maniĂšre, ce premier roman prĂ©sente quelques Ă©cueils pour ceux qui ne pratiquent pas assidĂ»ment Internet : vocabulaire technique, acronymes incertains, cĂ©lĂ©britĂ©s inconnues⊠Au-delĂ de la prĂ©sentation ironique du milieu des « jeunes cadres dynamiques, minables, grĂ©gaires et consommateurs », on sent lâamertume dâun jeune chĂŽmeur et son refus de la mĂ©diocritĂ© ambiante. Ces voyages dâune nuit dessinent ainsi le portrait dâun trentenaire dâaujourdâhui, peut-ĂȘtre pas si marginal quâil y paraĂźt.
Voyages sur Chesterfield
COUSSIN-GRUDZINSKI Philippe