Leyla, une vieille dame de lâaristocratie ottomane ruinĂ©e, est expulsĂ©e de sa maison attenante Ă lâancien « yali » familial par un banquier enrichi, fils de domestique, et par sa femme, arriviste sans coeur. Elle est recueillie par un jeune journaliste qui la connaĂźt depuis lâenfance, au grand dam de sa compagne, chanteuse de hip-hop rĂ©voltĂ©e qui a vĂ©cu en Allemagne. Lâimprobable trio sâefforce de rĂ©cupĂ©rer la propriĂ©tĂ© chargĂ©e du passĂ© de la famille stambouliote, des malheurs traversĂ©s, et dâun attachement nostalgique. Musicien et romancier turc (Une saison de solitude, NB juillet-aoĂ»t 2009), ZĂŒlfĂŒ Livaneli est engagĂ© dans la vie politique de son pays et ambassadeur de lâUnesco. Il met en scĂšne deux gĂ©nĂ©rations incarnant deux visages dâIstanbul : lâancien, attachĂ© Ă un art de vivre ancestral ayant traversĂ© le kĂ©malisme, et celui plus moderne sur fond dâislamisme renaissant. Non sans mal, le flambeau passe entre des ĂȘtres de bonne volontĂ©, qui Ă©voluent. Le drame cruel, intemporel, de lâexpropriation, de lâexil et de la domination maĂźtre-domestique transformĂ©e par les nouvelles richesses, est intimement mĂȘlĂ© Ă lâhistoire romanesque que vivent des personnages attachants. La prĂ©sence magique du Bosphore y ajoute une tendre couleur.
La maison de Leyla
LIVANELI SĂŒlfĂŒ