La balade de Jordan et Lucie

Le quotidien de Lucie n’est pas rose ; de nombreuses disputes opposent son père devenu alcoolique depuis son licenciement et sa mère qui n’aime pas son travail. Un jour, au collège, cette élève de 4ème accepte de devenir la marraine de Jordan dans le cadre d’une unité pédagogique d’intégration. Son filleul a 16 ans. Il est dans une 6ème « où sont parqués les mous du cerveau ». Au fil des jours une étrange relation ambiguë se noue entre les deux adolescents hypersensibles ; privés l’un et l’autre d’écoute familiale ils mettent leur vie en danger….

Écrit à la première personne, ce récit, construit en trois temps, dissèque avec une précision clinique le mal-être de l’héroïne, l’univers déséquilibré du héros puis leur dérive lors d’un long road movie. Leurs pensées intimes, en italique, créent une atmosphère oppressante. Le comportement de l’adolescente, crédible et bien observé, s’explique par le contexte familial précaire dans lequel elle vit. Il n’en est pas de même avec la personnalité de l’adolescent, dérangeante et troublante, sans suivi psychologique. Conscient dès 6 ans de son incapacité à être comme les autres, il se débat dans un environnement où les humiliations répétées et les frustrations provoquent en lui des réactions de violence ainsi que le besoin d’affabuler. Cette histoire complexe et douloureuse, qui suscite des interrogations sur l’irresponsabilité des adultes, bénéficie d’une écriture fluide et d’un dénouement qui évite le pire.