Marie-Charles David de Mayréna, bel homme, bonimenteur, séducteur menant grand train, crée une banque à Paris, dont la faillite frauduleuse l’oblige à fuir. Parvenu en Indochine grâce à sa prestance et l’aide de missionnaires catholiques, il se fait élire roi des Sedangs par une tribu des Moïs farouchement indépendante habitant ce vaste territoire situé entre hauts plateaux de l’Annam et Siam. L’administration coloniale française laisse d’abord faire, de crainte que ce territoire ne tombe sous la coupe du Siam. Profitant d’une longue absence de Marie Ier à Hong-Kong et en Europe à la recherche de financements et d’appuis politiques, elle finit par faire main-basse sur ce précaire royaume. Cet aventurier avait déjà suscité une réflexion d’André Malraux dans ses Antimémoires, car le plus étonnant dans l’histoire de cet escroc mégalomane est qu’il ait été soutenu par des personnalités respectables. Dans cette biographie abondamment documentée, telle une thèse, le journaliste Antoine Michelland décrit plus que minutieusement le contexte historique et social dans lequel a évolué l’homme : les milieux bonapartistes et boulangistes qu’il a fréquentés, l’ambiance parisienne affairiste et hédoniste, la collaboration en Indochine entre pères des Missions étrangères et autorités françaises alors que l’anticléricalisme faisait rage en métropole.
Marie Ier, le dernier roi français : la conquête d’un aventurier en Indochine
MICHELLAND Antoine