Les vaincus

1920. la Russie est sous la dictature bolchevique. Iolotchka, jeune infirmière dans un hôpital des armées blanches, tombe amoureuse d’un officier qui décède rapidement. Elle rencontre ensuite une famille de l’ancienne aristocratie ; fascinée par leurs manières raffinées et leur courage dans l’épreuve, elle devient l’amie d’Assia qui épouse un officier de la Garde, rescapé d’un massacre. Des membres de la famille, traqués par la féroce Guépéou, sont arrêtés, déportés et exécutés. Les autres, les femmes surtout, tentent de survivre. Petite-fille de Rimski-Korsakov, Irina Golovkina s’est inspirée de l’histoire de sa grand-mère. Écrit vers 1960, son manuscrit, qui circulait sous le manteau, est imprimé en 1992. Un ouvrage très long, mais très émouvant. L’auteur dit ne raconter que des faits réels dont elle a eu personnellement connaissance. Elle met en scène un monde pathétique de personnages cultivés, souvent musiciens, sombrant dans la déchéance matérielle sans perdre leur dignité et, pour certains, leur foi. Les détails sont criants de vérité, la terreur stalinienne est décrite avec une force et une intensité qui rappellent les grands romans russes. Dans une postface son petit-fils évoque le destin éprouvant de cette femme qui incarnait « l’esprit russe ». Un beau récit.