Réussite familiale et professionnelle : la vie de Patrick, architecte dans la quarantaine, marié, deux grands enfants, s’écoule heureusement jusqu’au décès de son père dont l’épouse se met à souffrir de la maladie d’Alzheimer. Une lassitude physique et psychologique le gagne alors, dont un spécialiste croit déceler l’origine dans une leucémie fatale à court terme. Ayant peu ou prou organisé sa fin d’existence, il apprend que le diagnostic est erroné. Cette nouvelle, heureuse, transforme pourtant sa mélancolie en dépression grave : fuyant son environnement, vivant à l’hôtel, il s’isole, se réfugie dans la télévision, la boisson, et ses souvenirs. Le tableau détaillé des étapes successives d’une destinée marquée alternativement par l’équilibre et le chaos donne à Christian Authier une nouvelle occasion d’exprimer sa vision pessimiste de l’existence (cf. Une Belle époque, NB octobre 2008). Les personnages sont bien vus et le dénouement aussi inattendu qu’émouvant. La description de notre époque – dont la modernisation des biens et des usages ne pousse pas, selon l’auteur, à l’euphorie – ne manque pas d’observations justes, parfois teintées d’humour… Mais la peinture qu’il en fait gagnerait à être moins répétitive et plus percutante.
Une certaine fatigue
AUTHIER Christian