Lunerr

À Keraël, ville isolée au milieu du désert, protégée par ses « aëls », ses anges, le blasphème est sévèrement puni. « Ailleurs » est un mot interdit, et, pour l’avoir prononcé en classe, Lunerr est battu et exclu de l’école, et sa mère perd son travail. Seul un riche vieillard à la réputation inquiétante est disposé à les employer, la mère comme femme de ménage, et le fils comme secrétaire. Quels sont les secrets et les intentions de cet homme étrange?

Cette anticipation se situe dans un futur lointain qui évoque le passé: technologie inexistante, dogmatisme religieux, femmes dominées. Lunerr, le narrateur, garçon passif dans les deux tiers du roman, se transforme brutalement, dans la dernière partie, en adolescent rebelle. Cette mutation psychologique rapide ne convainc pas davantage que la trame bancale et déséquilibrée. La longue éducation du mentor débouche sur un pétard mouillé, les événements qui secouent enfin la torpeur de l’intrigue laissent insatisfait: une impression d’inachevé, d’arbitraire… La réflexion sur la religion reste embryonnaire. Le seul personnage pétillant du livre, l’animal domestique malin et effronté, est malheureusement sous-exploité. La fin laisse soupçonner une suite.