N’ayant pas eu d’enfants, un roi adopte trois garçons auxquels il fait donner une parfaite éducation. Sentant sa mort prochaine, il décide de choisir son successeur et, pour départager les trois princes, il leur impose une épreuve : faire pousser et fructifier le grain de maïs qu’il confie à chacun. Lequel va l’emporter ?
Ce conte africain illustre une qualité morale : l’intégrité. Manfei Obin n’est pas un héritier de Machiavel ! Aux yeux de son vieux roi, la fin ne justifie pas les moyens et la ruse n’est pas une façon de gouverner recommandable. Quel que soit l’enjeu de la compétition, le « bon » prince ne triche pas. Cette belle leçon de morale politique suit un récit alerte et dépouillé qui joue efficacement du suspense pour aller à l’essentiel sans fioritures. Dans une palette de couleurs assourdies, les personnages sont stylisés et expressifs, saisis dans un mouvement ou une posture qui suffit à les différencier. Gros plans, images tronquées, silhouettes se fondant dans le décor répondent à un même sens de l’économie narrative qui donne sa force à cet album.