Leonora

PONIATOWSKA Elena

Toute petite, belle et déjà rebelle – son père est un puissant industriel anglais –, Leonora Carrington parle avec les animaux, écrit et dessine des deux mains, se vit comme une jument et fréquente le monde surnaturel qu’elle peuple des esprits celtes dont lui parlent sa nanny et sa grand-mère irlandaise. Étudiante en art, elle rejoint le mouvement surréaliste à Paris, devient la maîtresse de Max Ernst. La guerre les sépare et la conduit, désespérée, délirante, dans un hôpital psychiatrique espagnol. Elle gagne ensuite Mexico où, avec passion, elle peint, écrit, aime, élève ses deux fils. Elle y meurt en 2011, mondialement reconnue. Cette biographie, qui pourrait servir de catalogue raisonné à son oeuvre, tant elle est minutieusement documentée, met en scène avec ferveur une femme exceptionnelle, détaille ses liens avec les Surréalistes, parcourt un demi-siècle d’histoire artistique et politique mexicaine qu’elle a vécu avec intensité. Sans apparente cohérence, la narration progresse surtout à travers des dialogues, saugrenus, poétiques, oniriques, profonds, répétitifs parfois, qui traduisent les facettes de sa personnalité complexe et donnent vie à ses exceptionnels interlocuteurs. Ce procédé stylistique peut lasser, mais accompagner Leonora Carrington pendant quatre cent cinquante pages est un privilège à saisir. Pas d’illustrations, hélas !