Après une opération d’urgence, Alexis, qui ne peut plus monter les étages de son cinquième sans ascenseur, emménage dans un hôtel proche du jardin du Luxembourg. Il l’explore en clopinant sur ses béquilles, lie amitié avec la dame-pipi, un bibliothécaire du Sénat, deux gentilles marionnettistes et s’inquiète sous les marronniers de la faillite économique grecque. Il fréquente un club de SDF, revit son opération avec la chaleureuse présence de ses fils à l’hôpital et convoque ses héros, de Tarzan à d’Artagnan : ils habitaient son jardin d’autrefois à Athènes, ils fréquentent désormais sa chambre d’hôtel. Une fête de nuit, offerte par le Sénat, termine en désastreuse apothéose ce séjour dans les beaux quartiers. La trame du quotidien bien réel laisse volontiers filtrer l’imaginaire. Ainsi, le Lapin blanc d’Alice apporte-t-il son petit déjeuner au narrateur qui épouserait volontiers une attirante marionnette. Vassilis Alexakis (Le premier mot, NB novembre 2010) n’a pas vraiment pris congé d’une enfance aimée, elle colore ce journal de convalescence d’une fantaisie espiègle. Ce qui n’empêche pas l’auteur de constater son vieillissement ou de se souvenir des deuils et des amours disparues. Ce mélange donne à ce roman un charme particulier.
L’enfant grec
ALEXAKIS Vassilis