Chez les Ohé, on est tous pareils ; c’est comme un signe de ralliement que personne ne conteste. Aussi, quand Rupert se tricote un pull-over orange, est-ce la stupéfaction, l’indignation même. Jusqu’à ce qu’un deuxième pull-over orange, puis un troisième, puis…
Les Ohé d’Olivier Jeffers, dessinés au crayon noir, en forme de pouce stylisé, sont dotés de capacités d’expression étonnantes ; mimiques et postures animent cette troupe de petits personnages qui s’éparpillent ou se rassemblent sur des pages tantôt blanches, tantôt colorées dans de jolies harmonies vitaminées. Du mouvement dans leur mise en page, à la hauteur de la tempête qui se joue dans les têtes ! Il s’agit, en effet, de bousculer l’uniformité rassurante, de découvrir l’existence même de la différence, de s’apercevoir qu’elle est inoffensive et, pourquoi pas, attirante. La chute de l’histoire, pour être drôle, n’en poursuit pas moins la réflexion. L’écriture est simple, enlevée ; le texte se promène au milieu des vignettes, dans un même souci de fantaisie. Petite leçon d’ouverture d’esprit pour les conformistes de tout âge.