Lilly Bere, âgée de quatre-vingt-neuf ans, égrène ses souvenirs : son enfance irlandaise, puis sa fuite en Amérique avec son fiancé condamné à mort par les membres de l’IRA, leur statut d’immigrés traqués en Amérique, terre de tous les possibles. Chicago, Cleveland, le Sud, toujours elle est rattrapée par le destin, les guerres et, trop souvent, elle est confrontée à la mort brutale de ceux qu’elle aime : mari, amie, petit-fils… Sebastian Barry (Le testament caché, NB décembre 2009) réussit à merveille à donner vie à son héroïne, très vieille femme dont les souvenirs retracent presque un siècle de vie aux États-Unis. Un siècle où les guerres ont exigé leur quota de jeunes hommes et provoqué tant de détresse. Un siècle où perduraient les conflits raciaux. Les mots choisis sonnent juste, et ces souvenirs résonnent en chacun de nous : le deuil, le chagrin bouleversants d’émotion et de vérité, mais aussi les petits bonheurs de l’existence comme l’amitié partagée autour d’un repas, les confidences, les retrouvailles. Ce roman porté par un certain suspense parle avec une extrême délicatesse des sentiments des êtres dont le coeur se brise. Il laisse une empreinte douce-amère.
Du côté de Canaan
BARRY Sebastian