En 1920, en Pologne, la Russie et l’Ukraine continuent de se faire la guerre. Dans un petit village où vit une communauté juive, la frontière entre les deux camps passe au milieu de la rue principale. Pour Icek, Moshe et Lev, ce n’est pas très grave, les trois amis peuvent continuer à se voir et s’amuser. Mais une nuit, les Russes matérialisent la ligne par des barbelés. Puis les deux armées viennent enrôler les hommes en âge de combattre. Icek a 17 ans, l’âge limite, et il n’a aucune envie d’être amené à tirer un jour sur Lev, de l’autre côté. Il s’enfuit, se cache, cherche une solution.
Ce court roman, à l’issue étonnante, est tiré d’une histoire vraie: le grand-père de l’auteure s’est fait arracher les dents pour ne pas être enrôlé. À travers la voix d’Icek, le narrateur, Sylvie Baussier insiste sur l’absurdité de cette guerre, qui ne concerne aucunement cette population de paysans pauvres (à aucun moment on n’en connaît les raisons), et sur l’importance fondamentale de l’amitié, qui vaut tous les sacrifices. Le style est peut-être un peu trop démonstratif, les émotions appuyées, pour être totalement séduisants, mais la leçon de courage et de détermination est émouvante.