En attendant l’heure d’après

PILLAT Dinu

À Bucarest avant 1940, les Messagers, groupe de jeunes à tendance fasciste et mystique, s’agitent dans l’espoir d’un changement politique. Certains sont prêts à tuer, alors que d’autres, adolescents exaltés aux repères flous, délibèrent, collent des affiches séditieuses, font grève à la faculté… En font partie Stefanuca et son frère aîné, tous deux fils d’une mère dépassée et d’un père rentier absent, toujours plongé dans ses recherches. Après l’assassinat du Premier ministre, les coupables sont arrêtés et l’organisation semble décapitée. Mais deux extrémistes échappent à la surveillance de la police… Comme le précisent deux postfaces, l’oeuvre majeure du Roumain Dinu Pillat, écrite entre 1948 et 1955, s’inspire d’un mouvement ultranationaliste authentique, le légionnarisme. En 1959, l’auteur est emprisonné après un simulacre de procès, prétexte à museler un intellectuel trop libre. Le pouvoir communiste l’accuse d’avoir défendu le terrorisme, alors que son roman, plus psychologique que politique, peint une jeunesse déboussolée et disparate, et cherche à comprendre un passé récent. L’unique exemplaire du manuscrit qui « attendait l’heure d’après » n’est retrouvé qu’en 2010. Une fiction historique en tout point passionnante.