Damien vit à la cité des Iris. Sa mère est française et juive, son père congolais ; sans travail malgré ses diplômes, ce dernier « plante » les siens et retourne au Congo. À la maison « ça pue le chagrin et la colère » mais Damien a ses potes et surtout Souad, une jeune musulmane qu’il voit en cachette. La loi implacable de la cité brise l’idylle, il en a « le coeur tout cabossé ». L’adolescent apprend à ses copains stupéfaits qu’il est juif, lui le métis black. Bientôt victime d’antisémitisme, il doit se débattre avec sa négritude et sa judéité.
Avec ce nouveau roman, Louis Atangana poursuit la même veine ; la banlieue, les cités, avec ces vies bousillées par l’incompréhension, l’intolérance, le communautarisme et la bêtise, où la solidarité est un baume et l’espoir palpable. Tous les ingrédients sont là, sciemment choisis pour construire une intrigue poignante, démonstrative certes mais efficace. Les protagonistes sont attachants, chacun campé dans son rôle. Taraudé par « ses blessures généalogiques », l’adolescent cherche à comprendre ce qui lui arrive, et sa quête identitaire bouleverse. Le langage haché, rageur, violemment incisif est percutant. Derrière cette colère, un cri de détresse dont on ne sort pas indemne.