Silhouette

MOURLEVAT Jean-Claude

Neuf nouvelles plus une, ultime pirouette, imprévisible, qui donne un ton différent au recueil.

Le point commun de toutes ces tranches de vie ? Un fait bouleverse le cours du destin des personnages : il leur fait plaisir, embellit leur quotidien, ou leur donne envie de regarder la vie autrement. Et puis, soudain, ce mieux dĂ©rape, le bonheur Ă©phĂ©mĂšre tourne au cauchemar, pire, les anĂ©antit moralement, voire physiquement. Ainsi de cette femme, dans la nouvelle-titre, qui croit jouer le rĂŽle de sa vie comme silhouette dans un film dont elle admire la vedette. Mais l’oeil derriĂšre la camĂ©ra est implacable. Ou de cet homme qui, « sentant sa mort prochaine », veut obtenir le  pardon de ceux qu’il pense avoir blessĂ©s dans la vie : une repentance Ă  effet boomerang.

 

L’homogĂ©nĂ©itĂ© des textes n’est pas totale, avec une juxtaposition de personnages adolescents ou adultes, de trajectoires individuelles plus ou moins cruellement interrompues par une fatalitĂ© aveugle, la mĂ©chancetĂ© humaine, ou la lĂąchetĂ© personnelle. L’écriture est condensĂ©e, comme il convient au genre ; les chutes tombent comme des couperets, brutales, amĂšres souvent, ou profondĂ©ment tristes. De l’humour, noir, toujours, du cynisme parfois, accent inattendu chez cet auteur que l’on connaĂźt dans un autre registre et qui, dans la dixiĂšme nouvelle (Un escroc), maĂźtrise l’autodĂ©rision au point d’amener le lecteur Ă  douter de son statut d’auteur ! Imparable !