Des femmes jeunes ou vieillissantes, à Londres, dans une autre ville d’Angleterre, dans une campagne sinistre et menaçante, dans un village de vacances en Afrique, en Finlande… Toutes font preuve de la même détermination. Certaines, incomprises, déçues ou abandonnées, fuient et envisagent une nouvelle vie, d’autres, généreuses et accessibles à la pitié, se préoccupent du compagnon en danger ou de l’amie qui se meurt, mais toutes veulent agir, aussi bien la fille issue d’une étrange famille venue d’ailleurs que l’insatisfaite qui s’adresse à une curieuse agence. Les hommes, même s’ils croient détenir l’autorité, sont les grands perdants. La très belle écriture de Sarah Hall (Comment peindre un homme mort, NB avril 2010) rend tangible l’atmosphère des lieux, donne du poids aux personnages et de la consistance aux neuf nouvelles de ce recueil. Désirs obscurs qui remontent à la surface, conflits émotionnels jusque-là ignorés, sont savamment disséqués. Dissemblables par le lieu ou le thème, ces histoires trouvent leur unité dans une violence parfois éclatante parfois sous-jacente, mais toujours présente, et dans la sensualité diffuse qui les anime. Bien conçues, habilement ciselées et originales, elles offrent un vrai plaisir de lecture.
La belle indifférence
HALL Sarah