Fort-de-France. Hypérion, Titan grec, est le nom du héros de ce huis clos. Deux hommes s’affrontent : Hypérion, justicier psychopathe, et Eloi Éphraïm Évariste Pilon, commandant de police qui assure sa dernière permanence à la veille de sa retraite. Il n’a jamais rencontré « le tueur », ni celui-là, ni un autre d’ailleurs. Comme chaque vendredi 13, Hypérion se sent investi par l’Archange de la mort. Mais ce jour-là, il décide de confesser sa folie meurtrière avant de passer à l’acte. Que peuvent bien avoir en commun ces deux hommes ? Comment sauver sa peau quand les rôles semblent inversés ? C’est tout le sel de ce récit de Patrick Chamoiseau (L’empreinte à Crusoé, NB avril 2012) et il permet de digérer le « menu » du rituel et l’abondance du verbe. D’un côté, le monologue d’une voix douce, incantation chamanique, créole mêlé au français, vulgarité et poésie, citations latines ; de l’autre le silence, seule arme possible de l’« inspectère » face à la violence de la diatribe. On est « estébécoué » par cette habileté à susciter l’effroi tout en réveillant nos consciences.
Hypérion victimaire : Martiniquais victimaire
CHAMOISEAU Patrick