Ce soir, Papa rentre fièrement avec dans les bras le lot gagné à la tombola de son entreprise: une télévision. Mais quand il l’allume au dîner, déception; le programme unique est… une gomme. Qui ressemble terriblement à celle de sa fille. Qui d’ailleurs ne la retrouve pas. Après un passage chez le réparateur, le programme s’est-il amélioré? Pas vraiment, sinon qu’on peut voir, sur la deuxième chaîne, le réparateur. Papa a une explication rassurante, mais Maman obtient qu’on relègue cette machine de peu d’intérêt dans la remise. De peu d’intérêt? Elle n’a pas fini de les étonner.
On peut trouver à ce récit fantastique, à la fin délicieusement incertaine, les accents d’une fable mettant en garde contre l’abus de télévision, voire contre l’excès de modernité; mais la morale est suffisamment légère pour ne pas peser sur l’estomac. L’intrigue prend progressivement ses aises avec le réalisme, poursuivant sa logique avec assiduité et un humour subtilement noir. L’illustration, simple et efficace avec ses couleurs en aplats, met en scène un univers évoquant les années 70 : maisonnette des héros enclerclée par des immeubles, mère aux fourneaux, père moustachu, télé à tubes. Avec son mélange équilibré de textes et d’images, ses quelques phylactères, l’ensemble constitue une excellente première lecture.