Dans sa caserne, Émile, orphelin, est appelé du nom de son instrument : le fifre. On ne lui apprend ni à lire ni à écrire, juste à faire des exercices militaires et de la musique. Puni pour s’être attaqué à son camarade Tambour qui lui volait sa nourriture, il est privé de parade. C’est, paradoxalement, une chance : comme il est le seul présent à la caserne, c’est lui que le commandant emmène chez le peintre Manet.
L’histoire assez longue, racontée à la première personne, peut émouvoir, et donne un aperçu de la condition enfantine au XIXe siècle, loin de tout romantisme. Elle sert d’introduction, de stimulus, à la découverte du tableau de Manet, « réinterprété » fidèlement en couverture par l’illustrateur et reproduit en page de garde, dans un format restreint au regard de la taille du livre. L’illustration de l’histoire ne cherche pas à copier le style du peintre, conservant cependant une homogénéité avec le tableau en adoptant une palette de couleurs proches. Quelques informations sur Manet, l’accueil de ses tableaux et la vie dans les casernes sont dissimulées, comme par honte?, sous la reproduction. Malgré la qualité honorable de l’ensemble, et une belle maquette, on est gêné que l’oeuvre soit quasiment escamotée au profit de la fiction, par ailleurs peu attractive.