Jeanne-Sophie, femme pétulante, éprouve un amour charnel pour un chercheur tchadien qui le lui rend bien. Issue d’un milieu bourgeois, spécialiste de Stendhal, elle enseigne la littérature à la Sorbonne. Lui a été élevé par des femmes, a une famille au Tchad, entretient savamment un certain dandysme et travaille sur la négritude. Grand écart. Malgré l’érotisme de leur liaison, le jeune homme, lassé par une Jeanne-Sophie aussi présente que directive, finit par lui échapper. Elle se venge d’une cruelle façon, avant qu’il ne rencontre Zouna, une Algérienne, un bel amour dont le temps est compté. Nimrod aime écrire, incontestablement. Comme dans Le bal des princes (NB avril 2008), il s’enflamme, s’envole, au point d’en oublier parfois sa trame narrative. Les différentes parties s’échelonnent dans le temps et appartiennent à plusieurs narrateurs qui se livrent chacun à un exercice de style plus ou moins réussi : poésie, lyrisme, gouaille bambara, lettres d’amour… Si certains passages sont ampoulés ou abscons, d’autres, magnifiques, emportent. Chantant une véritable ode à la femme, au corps et à l’amour, Nimrod n’en oublie pas pour autant l’esprit en convoquant certaines figures des lettres classiques.
Un balcon sur l’Algérois
NIMROD