Morphée, enfant, reçoit une persienne sur la tête. Une sérieuse commotion cérébrale lui vaut quelques jours d’hospitalisation. Trente ans plus tard un malaise le ramène dans ce même hôpital où le même médecin, le Dr Busard, diagnostique une épilepsie. Morphée doit prendre quotidiennement des médicaments abrutissants. Il se fie aux anxiolytiques, ignorant qu’ils provoquent accoutumance et dépendance. Un autre médecin lui apprend alors qu’il n’a en fait jamais été épileptique et que Busard soignait surtout ses comptes en banque. Mais Morphée le mal nommé ne sait plus dormir… Les chapitres sont comme des échantillons de vie prélevés à des moments charnières. Au milieu des personnages archétypaux passent deux anges « mauvais » ; l’un, masculin, se mêle aux fous ; le deuxième, féminin, serait une infirmière. La critique sociale est limpide : Stefano Benni (Pain et tempête, NB mai 2011) déplore l’évolution consumériste de l’Italie, dénonce les inégalités sociales, et surtout se livre à une charge féroce contre les profiteurs de la médecine, fabricants de médicaments toxiques ou praticiens méprisants. Mais plus le récit progresse plus le lecteur est perdu dans des incohérences confuses. Le charme d’une belle écriture ciselée, sensible et poétique, ne suffit pas à sauver ce conte moderne et ennuyeux.
La Trace de l’ange
BENNI Stefano