Des oiseaux plein la bouche

SCHWEBLIN Samanta

Le chef de gare refuse un billet au voyageur, soi-disant faute de monnaie, pour qu’il devienne, comme d’autres voyageurs, travailleur forcĂ© presque consentant
 Un homme affolĂ© se prĂ©sente chez son psychiatre avec une lourde valise oĂč il a coincĂ© le cadavre de sa femme ; le psychiatre voit dans cette valise une oeuvre d’art gĂ©niale et organise un vernissage rĂ©ussi
 Un pĂšre sĂ©parĂ©, en visite chez son ex-Ă©pouse, constate que leur fille adolescente, douce et dĂ©fĂ©rente, se nourrit de passereaux vivants
 Une jeune femme enceinte fatiguĂ©e attend « sa petite Teresa », les familles se rĂ©jouissent ; elle suit cependant un mystĂ©rieux rĂ©gime et finit par cracher l’embryon comme un noyau… Au cours de dix-sept nouvelles, Ă  travers la normalitĂ© anesthĂ©siante de dĂ©tails banals, quotidiens, perce une premiĂšre notation Ă©trange ou absurde, ou monstrueuse. D’autres surgissent. Sans que les personnages secouent leur passivitĂ©, une mĂ©canique se met en route, faisant entendre de plus en plus fort la palpitation d’un monde incomprĂ©hensible et angoissant, derriĂšre l’écran du familier. Le modulant selon les thĂšmes, Samanta Schweblin joue du malaise produit avec une virtuositĂ© perverse, poursuivant la grande tradition sud-amĂ©ricaine du fantastique avec une tonalitĂ© bien personnelle.