Josué et Jéricho se sont connus dans un collège de Mexico et le fait de n’avoir chacun aucune attache familiale les a unis comme Castor et Pollux. Leur première référence est l’enseignement d’un religieux, professeur de philosophie, mais, après leurs études, ils sont mystérieusement pris en main par un avocat influent qui les place, l’un auprès d’un important homme d’affaires, l’autre auprès du Président de la République. Réduit à n’être qu’une tête errante après une mort violente, Josué se remémore sa vie affective et sentimentale tourmentée ainsi que les événements surprenants qui ont abouti à l’altération de son lien avec Jéricho. Un scénario rocambolesque, des personnages quasi symboliques, un zeste de fantastique et d’invraisemblance, un tourbillon d’idées politiques, religieuses et philosophiques, on retrouve là le souffle échevelé de Carlos Fuentes (Anniversaire, NB juin 2011). Il exprime son amour blessé pour la mère patrie en proie à de graves désordres – dictature de l’argent, criminalité, perversités et atrocités – où la démocratie a du mal à se frayer un chemin. Broyé par une société d’une grande âpreté et par les « infinies gradations de l’homme entre l’amour et la haine », son héros semble anesthésié dans la nasse de ce roman dense et magistralement écrit.
La volonté et la fortune
FUENTES Carlos