Au revoir là-haut

À l’issue de la Grande Guerre, trois soldats retrouvent la vie civile. Pradelle, aristocrate déclassé et cupide, se fait confier, en utilisant ses relations, le transport des cadavres de combattants, enterrés à la va-vite pendant les combats, vers de grands cimetières militaires. Il fraude tant et plus afin de s’enrichir au plus vite. Morphinomane, fantasque et brillant dessinateur, Édouard, qui a eu le visage ravagé par un obus en sauvant la vie d’Albert, pousse son compagnon de galère, reconnaissant et dévoué, à monter avec lui une escroquerie aux monuments aux morts. Mais pour tous, la vérité finira par émerger… Pierre Lemaitre abandonne la veine policière (Alex, NB mars 2011) pour l’après-guerre et les difficultés des démobilisés. Il décrit avec talent des personnages sans scrupules qui utilisent la mauvaise conscience de ceux qui n’ont pas combattu, des gueules-cassées au destin brisé, mais aussi des âmes simples ballotées, à la traîne de personnalités plus fortes. Le cadre historique est peint avec un réalisme féroce et satirique, et la tension dramatique est habilement maintenue. Malgré un soupçon de manichéisme et quelques invraisemblances, l’ouvrage se lit avec plaisir grâce à l’alacrité du style.