Tout est grand à l’école, la grille, les maîtresses ; et la cour de récréation n’est que cris, méli-mélo, chassés-croisés ; de quoi effrayer un petit garçon, surtout un très petit garçon qui se sent rétrécir. Tom se met à pleurer des larmes salées, et l’eau envahit la cour, des poissons y nagent qui se laissent chevaucher gaiement, au fond de cette mer de pleurs. Quand la cloche sonne l’heure, l’eau se retire, le soleil a réchauffé tout le monde. Et, un peu brusquement, Tom se retrouve au pied de son lit.Le mot peur n’est jamais exprimé, et Ulysse n’aurait rien eu à craindre des maîtresses souriantes aux queues de sirène évoluant dans l’eau ; ce monde éclatant de couleurs, de bouquets de papiers collés à regarder, de droite à gauche, de haut en bas, est un bien joli rêve à raconter, en se gardant de l’expliquer, le soir ou le lendemain de la rentrée.
À l’école arc-en-ciel
FONTANEL Béatrice, PLACIN Lucile