Sulak

JAENADA Philippe

Pendant dix ans, au tournant des annĂ©es quatre-vingt, Bruno Sulak, marquĂ© par son exclusion de la LĂ©gion Ă©trangĂšre, retourne ses immenses talents contre la sociĂ©tĂ©. Il dĂ©fie la chronique par l’habiletĂ© dĂ©ployĂ©e dans ses casses, l’audace de ses Ă©vasions et sa capacitĂ© Ă  dĂ©jouer les piĂšges policiers, le tout sans effusion de sang. Remarquablement intelligent et sĂ©ducteur, il impressionne tous ceux qui le rencontrent, y compris le commissaire MorĂ©as qui le suit Ă  la trace. En 1985, lors d’une tentative d’évasion, il est blessĂ© et meurt Ă  l’hĂŽpital. Il a vingt-neuf ans. Sa fulgurante trajectoire accĂ©lĂšre la modernisation des techniques policiĂšres et du dispositif carcĂ©ral. Tous les ingrĂ©dients Ă©taient rĂ©unis pour faire de Sulak un moderne Robin des banlieues, la redistribution des richesses aux pauvres en moins. L’auteur (La femme et l’ours, NB novembre 2011) s’empare de l’archĂ©type avec dĂ©lectation pour en faire un roman biographique, avec en toile de fond le milieu du banditisme. Des considĂ©rations gĂ©nĂ©alogiques, familiales et amicales trop dĂ©taillĂ©es, surtout au dĂ©but, et le cĂŽtĂ© un peu rĂ©pĂ©titif des braquages peuvent lasser. Mais le rĂ©cit finit par s’apparenter Ă  un bon thriller et l’écriture, alerte et imagĂ©e, colle bien au sujet.