Morris est malheureux. Sa vie s’est effondrée lorsqu’il a appris la mort de son fils, tué en Afghanistan. Il s’est séparé de sa femme, une de ses filles est en colère contre lui et rechigne à lui laisser son petit-fils ; le journal pour lequel il écrivait une chronique très appréciée l’a mis en congé de longue durée. Il est en contact avec une femme qui, comme lui, a perdu un enfant à la guerre, et il fréquente des escort girls en espérant que le sexe lui apportera un certain apaisement. Il se débarrasse de son téléphone portable et se marginalise peu à peu. David Bergen (Un passé envahi d’ombres, NB juin 2007) dresse dans ce roman le portrait d’un homme rongé par un sentiment de culpabilité si intense que toute son existence en est bouleversée. Par petites touches successives, il dépeint le désespoir, la colère et l’immense tristesse de son héros, dans une écriture soignée, émaillée de références philosophiques. Si l’on s’attache au début de la lecture aux caractères des personnages, la lenteur du récit conduit à un certain ennui, teinté de mélancolie, malgré quelques rebondissements inattendus et parfois cocasses.
La mécanique du bonheur
BERGEN David