Le derviche se met à jouer. De la musique qui s’échappe de son pipeau surgissent des arbres, des rivières, des montagnes. Il reprend son souffle : de l’un des trous sort, tourbillonnant, Seyfi le Noir propriétaire des prairies, des troupeaux de la contrée du pipeau. Derviche continue sa douce mélopée et à l’autre bout du pays paraît la douce Aïcha dans son jardin fleuri. Seyfi, l’homme le plus riche, le plus puissant, entend bien devenir propriétaire de ce jardin et peut-être de la demoiselle. Alors le derviche reprend son pipeau et de là s’envole un nuage qui protège Aïcha contre les mauvais agissements de Seyfi le Noir.
L’auteur, grand poète turc du vingtième siècle, propose un conte moral, mythe de la création du monde, lutte du bien contre le mal où les éléments de la nature, amis de la beauté et de la bonté, se liguent et se déchaînent contre la méchanceté et la cupidité. Ce texte, qui met la musique à l’origine du monde, a été souvent mis en scène avec l’appui d’un accompagnement musical. En images, c’est un bel album au graphisme élégant, représentant des personnages articulés inspirés du théâtre d’ombre turc.