Mauvais genre

Louise Landy et Paul Grappe se sont plu tout de suite. Ils se marient très vite et Paul est appelé sous les drapeaux pour son service militaire. Mais survient 1914, la guerre est déclarée et Paul ne supporte pas de voir l’ami qu’il va secourir se faire décapiter par un obus à côté de lui. Il choisit de déserter… Il faut se cacher. Il se travestit en femme et devient Suzanne Landgard. Louise l’y encourage, lui reste fidèle même lorsqu’il se plait au Bois de Boulogne, à cultiver la bisexualité, l’échangisme et même le proxénétisme. Mais combien de temps ?

Inspirée d’un fait réel et d’un roman, La Garçonne et l’assassin de Danièle Voldman et Fabrice Virgile, cette BD est à la fois crue, humaine et désespérée. La cruauté du quotidien des combats et des tranchées ne peut laisser un homme inchangé. La transformation « imposée par la nécessité » crée une ambigüité dans la personnalité du héros. Comment se reconnaître, ne pas devenir violent avec Louise et aussi avec lui-même ? La fine analyse des protagonistes, le récit à la tension croissante et les cases sans cadre, seulement colorées dans des nuances de gris et quelques touches de rouge (à la Will Eisner) immergent brillamment dans ce monde réaliste et désenchanté.