Le monde bascule dans la première hécatombe du XXe siècle, dans le désarroi et l’incompréhension de bon nombre de ses acteurs involontaires. Il y a témoigne de ce bouleversement collectif et intime ; poème d’amour écrit dans les tranchées, journal du front au quotidien banalement insupportable, hommage à tant d’autres victimes silencieuses du bout du monde, le poème joue de sa structure énumérative audacieuse pour dire le bonheur et la souffrance d’aimer sur le fond absurde de la guerre. Ni jugement, ni révolte, mais une infinie tristesse. La force des images de Laurent Corvaisier exprime, par un dessin énergique, ce que la pudeur du poète estompe : d’un côté, la souffrance des hommes ancrée dans l’Histoire par les documents photographiques qui les accompagnent ; de l’autre, la beauté de la femme aimée, lointaine, comme idéalisée. La palette change des unes aux autres, tantôt bistre, tantôt éclatante, fidèle aux alternances de l’émotion du poète.
Il y a
APOLLINAIRE Guillaume, CORVAISIER Laurent