Prague, 1580. Les juifs sont persĂ©cutĂ©s par les chrĂ©tiens qui font courir sur leur compte une rumeur exĂ©crable. Le rabbin Loew, craignant le pire, crĂ©e un ĂȘtre de glaise, un Golem, pour protĂ©ger la citĂ©. Le calme revient, mais, sa mission accomplie, quâen est-il de la « crĂ©ature » ?
La lĂ©gende fait partie du folklore juif : elle sâinscrit dans le dĂ©bat thĂ©ologien concernant le droit Ă donner la vie, prĂ©rogative de Dieu sauf en cas de menace extrĂȘme oĂč un kabbaliste peut le supplĂ©er. Au-delĂ de ce contexte, le Golem et ses successeurs permettent de sâinterroger sur les dangers inhĂ©rents Ă nos jeux dâapprentis sorciers. Dans le cas prĂ©sent, oĂč la crĂ©ature est renvoyĂ©e Ă sa terre, on entend aussi son point de vue et sa souffrance Ă quitter le monde. Peut-on instrumentaliser un ĂȘtre sensible et disposer de sa vie ? Lâillustration de ce « conte dâavertissement », faite de superpositions en papier dĂ©coupĂ© sert, avec des tons sombres, lâatmosphĂšre crĂ©pusculaire du rĂ©cit. Le Golem a lâenvergure dâun gĂ©ant protecteur et menaçant : stature impressionnante, cadrages avantageux, traitement expressionniste du visage. LâambiguĂŻtĂ© du personnage âquâil fallait bien reprĂ©senter- est parfaitement rendue.