Une femme assomme son insupportable mari et peut enfin beurrer tranquillement ses tartines ; une autre abandonne ses triplés, nouveau-nés très braillards ; la jeune gouvernante docile est une prisonnière évadée… Adultes immatures, couples qui se méprisent ou se haïssent, maris qui cognent ou supplient, femmes qui mentent ou qui se vengent, voitures et maisons qui brûlent, mères qui renoncent, malades incapables de bouger, enfants maltraités ou abandonnés, adolescents tués accidentellement, ivrognes, déments. Cette femme a-t-elle vécu un attentat ou perdu la raison ? Cette autre a-t-elle tué son amant ou voulu se noyer ? Difficile de trouver un univers à la fois plus ordinaire et plus noir que celui où nous entraîne l’auteur. Elle choisit l’instant qui précède le drame, voire la tragédie, et dissèque avec une grande précision et un scalpel bien tranchant la scène où tout va basculer. Elle le fait avec talent et on s’identifie facilement au faible, au persécuté, au malheureux. Par ailleurs la chute peut révéler des surprises et parfois tout finit presque bien. L’humour est grinçant mais c’est bien de l’humour et on n’oublie pas ces très courts récits à l’écriture nerveuse.
Les petits contretemps
HÉAULME Gaëlle