À Paris, Thomas Schoeller, vidéaste, s’arrange pour qu’Abbas, riche collectionneur, fils d’un dictateur d’une pétro-monarchie du Golfe, lui commande son portrait. L’artiste envisage d’évoquer les conséquences pour les femmes des révolutions arabes. N’est-il pas tombé dans un piège? Il est mis sous surveillance, son téléphone sur écoute, et deux proches d’Abbas se font assassiner. Il n’ose plus sortir de chez lui. Or la révolution gronde dans le pays. La menace protéiforme pèse d’autant plus sur Thomas que ce métis a souffert très tôt de l’angoissante désunion parentale. Curieux livre, où l’auteur évoque à nouveau les problèmes contemporains (La géométrie des variables, NB octobre 2010) : l’oppression des femmes, les révoltes et le poids des intérêts économiques. Il va même jusqu’à assimiler la banque impliquée au crime organisé. La vision à la fois complexe et simpliste reste superficielle. Le roman avance de manière non linéaire, revient sur la genèse de la vocation artistique, de l’oeuvre actuelle. L’écriture fragmentée, le mélange actualité/fiction, la mise en page apportent originalité et rythme mais peuvent dérouter. L’ensemble, comme une ébauche ou un jeu de pistes, donne davantage le sentiment d’un cauchemar flou que d’un réel complot.
Les corps intermédiaires
N'DONGO Mamadou Mahmoud