Cheng, ficeleur de bottes dâasperges au royaume de Camelote dont câest lâunique culture, sait compter mais pas lire et se trouve heureux. Il sâendort dans un container, se retrouve Ă l’Ă©tranger, successivement dans un entrepĂŽt dont il sort enfoui sous des ordures, dans un hĂŽpital sans chirurgiens ni mĂ©decins, puis dans des aĂ©roports. ConseillĂ© par sa « conscience pragmatique », il gagne de l’argent en provoquant des incendies, dont il vend les photos Ă un journaliste. Il rencontre une fille et, dorĂ©navant, tous deux se bornent Ă prendre des avions qui les emmĂšnent nâimporte oĂč.  Ce bref conte philosophique dĂ©marre assez bien avec les rĂ©flexions de Cheng, nouveau Candide, sur le bonheur simple quâil connaĂźt et les surprenantes dĂ©couvertes qui lâattendent Ă son rĂ©veil. Mais la fable sâessouffle rapidement. La dĂ©nonciation de la logique mercantile et de la course effrĂ©nĂ©e au moindre coĂ»t, satire transparente du monde actuel (malbouffe, dĂ©localisations, tourisme low cost, sensationnalisme, etc.), devient invraisemblable et caricaturale, et le mĂ©pris affichĂ© pour une population stupide qui consomme sans rĂ©flĂ©chir est dĂ©plaisant. Le parcours absurde et rĂ©pĂ©titif de Cheng perd rapidement de sa force et ne convainc pas.
Le monde selon Cheng
REYNAUD Stéphane