Alors qu’il rentre tardivement chez lui à Tolosa (La Plata, Argentine), l’écrivain Leonardo Bazán observe quatre types dans une voiture de la police scientifique. Le lendemain, sa voisine lui confie que son fils a été contraint d’introduire des individus chez eux : “Ils sont rentrés”. Ces propos, lourds de sens, lui rappellent une nuit de 1976 où un commando a interrogé sa mère et obligé son père à les accompagner dans le jardin voisin. De vagues réminiscences le ramènent vers les années de terreur où régnait la loi du silence. Pensant que seule l’écriture l’aidera à libérer sa mémoire, il commence ses recherches. Contemporain de la dictature des colonels, Leopoldo Brizuela restitue l’époque tragique de ces escadrons de la mort qui, trente ans après, hantent toujours la société argentine. À travers la figure du père, vieil Indien formé à l’École de la marine, se pose la question de la complicité : tous pris dans la nasse, sont-ils responsables ? Avec l’alternance des chapitres, l’auteur évoque le passé confronté au présent et construit son roman tel un puzzle, reflet d’une mémoire rétive. Proche d’un thriller, une quête intransigeante et oppressante d’où surgissent de profondes interrogations sur la vérité de l’écrit face à l’horreur.
La nuit recommencée
BRIZUELA Leopoldo