Trois générations, celles de Robert, né en 1896), de son fils Philippe, né en 1924 et de son petit-fils Stéphane, font face à la « Grande Guerre » puis à la suivante et enfin à Mai 68. À travers ces hommes apparaît l’expérience personnelle de chacun dans les horreurs sanglantes de la guerre et leurs conséquences ; Philippe tourne le dos à la tragédie et accompagne le surréalisme d’André Breton, Robert, remobilisé en 1939, fait prisonnier, ne peut se réadapter à la société civile et glisse dans l’alcoolisme. Après une introduction un peu confuse, ce petit livre compliqué dans sa diversité sinueuse dresse un portrait fouillé et sans indulgence des différents protagonistes, dans et après la bataille. Ce travail de mémoire accompli par Stéphane, malgré la désinvolture de son père à son égard, ne laisse pas d’être émouvant. Proposer en conclusion un adieu à cette guerre, dont on va fêter le centenaire en 2014, réunit l’objectivité de l’historien – qui a consacré trente années de sa vie à ce conflit mondial – à un sentiment de piété filiale. Un tableau généalogique aurait facilité une lecture parfois ardue.
Quelle histoire : un récit de filiation (1914-2014)
AUDOIN-ROUZEAU Stéphane