Un poisson sans bicyclette

Été 1976. Dans un village du Sud de la France, sous un soleil écrasant, Lise, treize ans, traîne son ennui, prête à tout pour voir la mer, quitte à se faire enlever et découper en morceaux par un prédateur sexuel qui rôderait aux alentours. Dans ses pérégrinations à bicyclette elle repère un grand gaillard qui la fait fantasmer. Il vit dans une communauté qu’elle va espionner avant de sympathiser avec une Anglaise, la fragile Jane, et son étrange petite fille. Ce roman à deux voix fait alterner les regards de Lise et de Jane, dans une écriture subjective, empathique et très vivante, qui mêle styles écrit et parlé (Drama queen, NB mai 2012) et qui s’adapte à chacune, gouailleuse et maladroite pour l’une, émaillée de quelques mots d’anglais pour l’autre. Les personnages qui cherchent à s’inventer une nouvelle vie à tâtons sont touchants. Les difficultés de la vie en groupe, le féminisme, les idéaux de Mai 68, les antagonismes entre « hippies » et villageois sont traités avec un certain humour. Un livre original toujours juste et délicat.