Le Temps des femmes

En 1960, la Russie est encore soviétique ; trois vieilles femmes vivent à Leningrad dans un appartement communautaire avec Antonina, une ouvrière qui a eu une fille hors mariage. L’enfant, muette jusqu’à l’âge de sept ans, ne peut aller à l’école. Sa mère la fait élever par les « grand-mères » affectueuses qui lui racontent des histoires et l’emmènent parfois à l’église. L’arrivée d’un poste de télévision, où l’enfant croit voir les images d’un autre monde, est un temps la grande affaire. Mais Antonina tombe gravement malade ; ses compagnes craignent que la petite ne leur soit arrachée et qu’on ne les expulse de leur appartement. Ce récit aux apparences ordinaires expose avec réalisme les difficultés de la vie quotidienne de ces femmes : les plus âgées hantées par les souvenirs du terrible siège, la plus jeune écrasée par les tâches matérielles, la petite fille intégrant les contes de fées à sa vie. Le roman, largement constitué de conversations, alterne les voix féminines, sans toujours suivre l’ordre chronologique des événements. Malgré cette complication relative, on est sensible à ce portrait sans complaisance de femmes rendues courageuses et rusées par la dure nécessité du temps.