Face aux ombres

Ariane, monteuse de film et enceinte d’un photographe parti en reportage, emménage dans un appartement de la rue Mouffetard. Un jeune couple d’Allemands sonne à sa porte à la recherche d’un homme qui a habité à la même adresse et qui porte son nom, tandis qu’une tante inconnue fait irruption dans sa vie. Ces deux événements obligent Ariane à replonger dans un passé qu’elle a toujours voulu occulter depuis la disparition de ses parents. De douloureux secrets de famille viennent hanter les lieux et leur occupante… Catherine Enjolet, chantre des enfances malheureuses (Sous silence, NB mai 2011), dénonce les maux causés par une filiation perturbée. Fondatrice d’une association de parrainage d’enfants, elle s’attache à démontrer l’importance des liens d’affection, concocte une fin heureuse où démons et ombres sont mis en fuite par la naissance d’un bébé et le retour de l’amant. Comme dans un film en cours de montage, l’auteur coupe et recolle les séquences du long monologue où l’héroïne exprime ses états d’âme et raconte les méandres de sa vie. L’évocation colorée, littéraire et historique de la Mouffe tisse un arrière-plan agréablement pittoresque mais aussi inquiétant. Un conte attachant avec une pointe de mièvrerie.