Au soir de la prise de la Bastille, quelques camarades d’enfance originaires de Chartres se retrouvent. Il y a Chauveau-Lagarde, le futur défenseur de Marie-Antoinette, Pétion qui sera maire de Paris, tous deux avocats, Guillard, librettiste d’opéra, et Pierre Brissot, fils de rôtisseur mais instruit, qui a séjourné en Angleterre et en Amérique et a adopté les idées progressistes des philosophes. Journaliste, il crée Le Patriote français. Élu député, il est un des piliers du groupe des Girondins qui va rapidement s’opposer aux Montagnards dont Danton, Marat et Robespierre sont les figures de proue. Il se trouve emporté par la dérive extrémiste des révolutionnaires. Écrit à la première personne, ce roman prend la forme d’un journal tenu par un ami chartrain des personnages. Comme eux, il a souhaité l’instauration d’un nouveau régime mais, effrayé des excès dont il est témoin, il a pris ses distances vis-à-vis de l’action politique. Une érudition historique sans faille et l’exposé clair des événements sont d’un réel intérêt. Quelques maladresses stylistiques seront pardonnées à ce premier ouvrage de fiction du préfet Michel Auboin qui rappelle qu’un tribun sans scrupule comme Robespierre a pu entraîner le peuple français à commettre des exactions barbares qu’aucun idéal ne saurait justifier.
Brissot, le roman d’un révolutionnaire
AUBOUIN Michel